• Le vampire est une créature chimérique non-morte et non-vivante qui, suivant divers folklores et superstitions populaires, sort du tombeau pour sucer le sang des vivants afin d'en tirer la force vitale. La légende des vampires puise ses origines dans des traditions mythologiques anciennes et l'on retrouve des êtres légendaires dotés de caractéristiques des vampires dans toutes sortes de cultures à travers le monde.

    Le vampire fut popularisé au début du XVIIIe siècle et émergea plus spécifiquement en Europe orientale, particulièrement dans les Balkans. Dans ces traditions folkloriques, les vampires étaient dépeints comme des revenants en linceul qui, visitant leur aimée, causaient mort et désolation dans le voisinage. À la même époque, le bénédictin français Augustin Calmet, le décrit comme un « revenant en corps », se distinguant ainsi des revenants immatériels (fantômes ou esprits).

    Le personnage plus charismatique et sophistiqué du vampire des fictions modernes est apparu avec la publication en 1819 du livre The Vampyre de John Polidori dont le héros mort-vivant fut inspiré par Lord Byron dont Polidori était le médecin personnel. Le livre remporta un grand succès mais c'est l'ouvrage que Bram Stoker écrivit en 1897, Dracula, qui reste la quintessence du genre, établissant une image du vampire toujours populaire de nos jours dans les ouvrages de fiction, même s'il est assez éloigné de ses ancêtres folkloriques dont il ne conserve que peu des spécificités originelles.


  • Selon les mythes, légendes ou auteurs, le vampire dispose de forces ou de faiblesses différentes. Ainsi, dans le roman de Bram Stoker, les facultés de Dracula sont énumérées de façon précise par l'un des personnages, le docteur Van Helsing :

    « Il faut savoir que le nosferatu ne meurt pas, comme l'abeille, une fois qu'il a fait une victime. Au contraire, il n'en devient que plus fort ; et, plus fort, il n'en est que plus dangereux (...). Il se sert de la nécromancie, art qui, comme l'indique l'étymologie du mot, consiste à évoquer les morts pour deviner l'avenir, et tous les morts dont il peut approcher sont à ses ordres (...). Il peut, avec pourtant certaines réserves, apparaître où et quand il veut et sous l'une ou l'autre forme de son choix ; il a même le pouvoir, dans une certaine mesure, de se rendre maître des éléments : la tempête, le brouillard, le tonnerre, et de se faire obéir de créatures inférieures, telles que le rat, le hibou, la chauve-souris, la phalène, le renard et le loup ; il peut se faire grand et se rapetisser et, à certains moments, il disparaît exactement comme s'il n'existait plus.»

    Le même personnage précise toutefois plus loin que plusieurs moyens sont utilisables pour éliminer le vampire :

    « Il est prisonnier, plus qu'un homme condamné aux galères, plus qu'un fou enfermé dans un cabanon. Aller là où il a envie lui est interdit. Lui qui n'est pas un être selon la nature, il doit cependant obéir à certaines de ses lois - pourquoi, nous n'en savons rien. Toutes les portes ne lui sont pas ouvertes ; il faut au préalable qu'on l'ait prié d'entrer ; alors seulement il peut venir quand il le désire. Son pouvoir cesse, comme d'ailleurs celui de toutes les puissances malignes, dès les premières lueurs de l'aube. Il jouit d'une certaine liberté, mais en des moments précis. S'il ne se trouve pas à l'endroit où il voudrait être, il ne peut s'y rendre qu'à midi, ou au lever, ou au coucher du soleil (...). Ainsi, tandis que le vampire peut parfois accomplir sa propre volonté, pourvu qu'il respecte les limitations qui lui sont imposées et se confine dans son domaine : son cercueil à lui, son enfer à lui, ou encore dans un endroit non béni (...) ; et encore ne peut-il se déplacer qu'à des moments bien précis. On dit aussi qu'il ne peut franchir des eaux vives qu'à marée haute ou lorsque la mer est étale. Et puis, il y a des choses qui lui ôtent tout pouvoir, comme l'ail, nous le savons assez ; comme ce symbole, ma petite croix d'or, devant laquelle il recule avec respect et s'enfuit. Il y en a encore d'autres (...) : une branche de rosier sauvage, posée sur son cercueil, l'empêche d'en sortir, une balle bénite que l'on tirerait sur son cercueil le tuerait et il deviendrait alors un mort véritable. Quant au pieu que l'on enfonce dans son cœur, nous savons qu'il lui donne également le repos éternel, repos éternel qu'il connaît de même si on lui coupe la tête. Il ne se reflète pas non plus dans les miroirs et son corps ne fait pas d'ombre. »

    Dans le premier film s'inspirant du roman, Nosferatu, Murnau n'indique qu'un seul moyen permettant d'éliminer le vampire : une femme au cœur pur doit faire oublier le lever du jour au comte. C'est de là qu'est née la croyance dans les effets nocifs des rayons du soleil sur les vampires, laquelle sera exploitée dans la plupart des films. Par ailleurs, Murnau comme les autres cinéastes ne détaillent pas autant les facultés des vampires - par souci d'alléger l'intrigue, très certainement. Mais ils leur en prêtent d'autres ; ainsi, les films dans lesquels a joué Bela Lugosi ont développé l'idée que les vampires possédaient un pouvoir hypnotique leur permettant, notamment, de séduire efficacement les femmes.

    Dans son Dracula, Coppola invente de nouvelles règles. Ainsi, son personnage principal est capable de boire et de manger. Il peut également se déplacer le jour - et pas seulement à certaines heures.

    Ainsi, le vampire

    • se nourrit de sang ;
    • est déjà mort et ne peut-être tué à nouveaux que par des pratiques spéciales : pieu dans le cœur, clou dans la tête, une décapitation ou une crémation (la tradition populaire réclamait les quatre à la fois). Il doit ensuite être enterré à l'angle d'un carrefour (plusieurs variantes) ;
    • est immortel (c'est-à-dire n'est pas soumis à la vieillesse) ;
    • pratique la « mastication ». Dans de nombreuses légendes, le vampire ne se nourrit pas que de sang, mais aussi d'excréments humains et de chair, même de la sienne propre : le vampire pratique en effet l'automastication de sa chair et de ses vêtements ;
    • devient plus puissant avec l'âge, c'est-à-dire qu'il résistera mieux aux lieux saints ou à l'eau bénite par exemple ;
    • a le teint pâle  ou une peau d'une blancheur blafarde ;
    • a la faculté de se transformer en animal (animal quelconque ou uniquement loup, chauve-souris selon les auteurs) ou en brume. Les formes qui lui sont prêtées selon les auteurs peuvent être diverses : grenouille, araignée, parfois même légumes et autres objets inanimés. Il convient de noter que, contrairement à l'homme atteint de lycanthropie, qui doit ôter ses vêtements avant de prendre la forme du loup-garou, le vampire ne semble pas avoir besoin de se déshabiller pour se changer en animal ;
    • est très fort, très rapide, a une excellente vision nocturne[7] ;
    • peut être repoussé, blessé par des symboles sacrés (crucifix, eau bénite)[7] ;
    • ne supporte pas la lumière du soleil ; mais n'est pas tué par elle.
    • peut lire dans les pensées ;
    • ne se reflète pas dans les miroirs ;
    • ne peut franchir un seuil ou pénétrer dans un bâtiment sans y avoir été invité ;
    • ne peut franchir l'eau courante ;
    • est indisposé par l'odeur de l'ail ;
    • est obligé de compter toutes les graines d'un sac renversé devant lui, et de dénouer tous les nœuds qu'il croise, même si le jour arrive, et ne peut s'en détourner que lorsqu'il a fini de les compter ;
    • a un don pour la séduction dont il se sert pour approcher certaines de ses proies, souvent des femmes.
    • ne doit pas boire le sang et manger la chair d'un humain mort, qui peut leur causer un empoisonnement très grave.

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  • Les contes de vampires apparaissent très tôt, mais trouveront leur apogée lors des XVIIe et XVIIIe siècles, où les récits de vampires se font plus nombreux.


        Antiquité 

    Dans la Grèce antique, les ombres du royaume d'Hadès sont friandes du sang des victimes. Les Anciens craignaient l’errance sur Terre s’ils n’étaient pas enterrés par leur famille ou leurs amis car le repos définitif venait de l’incinération, ce qui explique le mythe de Polynice. Aristée, Platon et Démocrite soutenaient que l'âme peut demeurer auprès des morts privés de sépulture. Les âmes malheureuses et errantes se laissent alors attirer par l'odeur du sang. On peut se référer à Porphyre de Tyr (Des sacrifices, ch. II « Du vrai culte »). Les devins se servaient alors de ces âmes pour deviner les secrets et trésors. Ayant connaissance de leur présence, les hommes cherchèrent des moyens pour les apaiser ou les contrer. En Crète, selon Pausanias, on enfonçait dans la tête de certains morts un clou. Ovide aussi parlera des vampires. Théocrite note aussi les empuses (spectres multiformes de la nuit pouvant se muer en monstres innommables ou en créatures de rêve, aussi appelées démons de midi).

    Dans l'Empire romain, on trouve la loi Jus Pontificum selon laquelle les corps ne devaient pas être laissés sans sépulture. De plus, les tombes étaient protégées contre les voleurs et ennemis. Les violations étaient considérées comme sacrilège et punies de mort. On rencontre Lamia, une goule nécrophage, reine des Succubes dévorant les fœtus et effrayant les enfants la nuit (Horace, Art poétique, 340). De Lamia viennent les lamies, plus nécrophages que vampires : lascives, ondoyantes, serpentines, avides de stupre et de mort, aux pieds de cheval et aux yeux de dragon. Elles attiraient les hommes pour les dévorer et peuvent s'apparenter aux Succubes. On note aussi les stryges, démons femelles ailées munies de serres, ainsi nommées à cause de leurs cris perçants, et les omosceles, démons aux pieds d'ânes qui s'attaquaient aux voyageurs égarés...


        Moyen Âge

    Au XIIe siècle, les vampires étaient censés être si nombreux en Angleterre qu'ils étaient brûlés pour calmer la passion populaire. Plus tard, au XIVe siècle, Herenberg cite précisément deux cas en 1337 et 1347 : les présumés coupables de vampirisme furent empalés et brûlés. De même, au XVe siècle, les épidémies de pestes sont l'occasion pour la population (surtout en Europe de l’Est) d'une véritable frénésie anti-vampire. On voit apparaître au XVIe siècle, la première grande figure du vampirisme : la comtesse hongroise Elizabeth Báthory. En Moravie, l'évêque d'Olmütz, devant la multiplication des plaintes des villageois de la région, mit sur pied des commissions d'enquêtes. Le premier cas de vampirisme attaché à un nom et étudié un tant soit peu est celui Michael Casparek, en 1718. Son cas fit l'objet d'une enquête officielle, dans son petit village de Liptov en Hongrie. Malheureusement, très peu de données ont pu parvenir jusqu'à nous. Le mot « vampire » apparaît pour la première fois en 1725, lorsqu'un rapport présente l'exhumation du récemment mort Peter Plogojowitz un paysan serbe, qui reste encore à ce jour le cas le plus célèbre de vampire historique dans le monde. Vient ensuite celui d'Arnold Paole, soldat et paysan autrichien mort en 1726 et à l'origine de deux épidémies de « vampirisme » dont la seconde, en janvier 1731, fit l'objet d'un rapport circonstancié par le médecin militaire Johann Flückinger, généralement connu sous le titre de Visum et Repertum. Ce rapport fut abondamment repris, traduit par Dom Calmet, et fit probablement couler encore plus d'encre que le cas Plogojowitz (pour les Serbe). Le plus célèbre reste cependant Sava Savanović. Auparavant, on parlait de « vampyr ». Un autre cas de vampirisme est celui de Johannes Cuntius de Silésie.

    Le vampirisme était pour l'Église catholique (et pour Dom Calmet en particulier) un sujet sérieux et politique (à la manière de la Bête du Gévaudan). Les âmes des morts ont trois alternatives : Paradis, Enfer ou Purgatoire. Or le vampire est un mort qui ne se retrouve dans aucune de ces trois catégories, puisque c'est une âme qui erre sur Terre. Sa simple existence remet donc en cause le dogme catholique et donc la puissance de l'Église.


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